Du croquis au tableau

Construction d’un tableau : inspirations, croquis, recherches

Inspirations

Ce tableau est le 4ème portrait d’une série de portraits de femme.
Je voulais qu’il s’inscrive dans une atmosphère proche des précédents, silencieuse et méditative. Pour varier, je voulais peindre un profil et faire figurer deux éléments importants de mon quotidien : les mathématiques et l’art.

"Entre deux mondes", 73 x 100 cm , huile sur bois (2018)

J’aime chez ce peintre son art de la composition et son utilisation de la géométrie.

J’ai commencé au même moment la copie d’un profil, à la tempera.
C’est la copie du portrait de Giovanna Tornabuoni peint par Ghirlandaio,(vers 1488)

Pavage de Penrose avec flèches et cerf-volants.
C’est un pavage particulier car il est dit « non-périodique », c’est-à-dire qu’il y a un recouvrement des formes par endroit, avec des éléments non symétriques.

Ebauche d'un projet

Sur Sketchbook (logiciel de dessin), j’ai commencé quelques ébauches en reprenant les profil de la duchesse d’Urbino.
Cela me permet d’avoir une vue d’ensemble et d’avoir un support visuel pour en discuter avec le modèle.
Je sais que le résultat final va s’éloigner de cette première ébauche mais il doit en garder l’esprit.

Première séance avec le modèle

Lors de cette première séance, on a essayé différentes tenues et différents éclairages.
Au bout de deux heures, j’ai un croquis au fusain suffisamment détaillé.

Préparation du panneau

Je choisis un panneau de bois de format 73 x 100 cm.
Je le prépare avec un gesso traditionnel, mélange de colle de peau de lapin et de blanc de Meudon.La colle mélangée au blanc de Meudon est chauffée au bain-marie.

Il faut en moyenne 6 à 10 couches de gesso pour que le support soit prêt à peindre. On obtient une surface lisse et douce.

Je passe une imprimature, c’est-à-dire une couche de peinture à l’huile de couleur relativement neutre. Cela permet de ne pas commencer sur une surface blanche et de mieux maîtriser les lumières.

Deuxième séance avec le modèle

Séance de 3 heures où j’ai peint le modèle en grisaille, c’est-à-dire en noir et blanc ; ici, c’est une grisaille avec de la terre d’ombre naturelle.
A cette étape, j’ai une idée de la lumière générale.
Pour le dessin de l’arrière-plan, je l’ai construit sur papier calque et reporté sur le panneau.

Recherches et construction

Je cherche des couleurs sur Sketchbook….

Et je regarde ce que ça donne sur le panneau.

Comme ça ne me plaît pas, je tente autre chose sur écran….

…puis sur le tableau.

Ça ne me plaît toujours pas ! J’essaie de combler cet espace vide en bas à gauche qui me gêne dans la composition.

L’espace vide est comblé mais les formes géométriques du pavage ne s’harmonisent pas très bien avec le feuillage.

Je travaille les mains et le chemisier.

Il arrive très souvent que je bloque à une étape du tableau et que je le que je le remette en question. Dans ce cas, je multiplie toutes les versions qui me passent par la tête sur écran. Travailler sur informatique permet de gagner du temps et de pouvoir comparer visuellement les différents essais.
Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est ce croquis qui m’a donné la solution : pour régler ce problème de composition, il fallait une forme circulaire !

J’ai cherché autour de moi, une forme circulaire qui pourrait fonctionner, et mes yeux sont tombés sur ma presse.

Sur écran, ça a l’air de fonctionner.

Dernières étapes

C’est un gros chantier : je gratte et je ponce tout le fond. Entre temps, nouvelle séance de travail avec le modèle, le visage s’est modifié.

J’applique une couche pour unifier le fond.

Après une trentaine d’heures de pose et 6 mois de travail (j’ai travaillé sur d’autres choses en même temps), le tableau est enfin achevé. J’éprouve toujours de la joie, quelquefois de la fierté, lorsque je parviens à mettre sur la toile un sentiment présent dans ma tête. Néanmoins, j’ai toujours un pincement à l’idée qu’une aventure se termine. Tout travail artistique suit le même cycle que la vie.